Dernière mise à jour : 3 décembre 2018
Jaguar-Land Rover ayant, semble-t-il, récemment déposé la marque Road Rover, l’occasion nous est donné de nous replonger dans le passé de ce nom.
Après avoir commercialement ressorti le nom Velar pour son dernier modèle de Range Rover, la presse automobile britannique nous apprend ces derniers jours que Jaguar-Land Rover aurait également déposé la marque Road Rover, donnant ainsi du crédit aux rumeurs que nous évoquions ici-même l’an dernier, d’une nouvelle gamme de véhicules qui viendrait compléter l’offre actuelle du constructeur, et qui n’utiliserait ni le badge Jaguar, ni celui de Land Rover.
A titre personnel, nous restons prudents sur cette nouvelle affirmation car une consultation rapide du bureau des marques déposées en UK (Intellectual Property Office) ne comporte aucune mention récente du nom Road Rover. Une mise à jour de cette liste est peut-être en attente, quoiqu’il en soit, rien ne nous permet aujourd’hui d’affirmer que Jaguar-Land Rover aurait bien une stratégie commerciale autour de ce nom.
Alors que le nom Velar avait été utilisé, rappelons-le, par Rover pour masquer l’identité des premiers Range Rover de préproduction assemblés fin 1969, le nom de Road Rover n’a jamais eu d’existence publique, puisqu’il désignait une série de prototypes conçus par Rover dans les années 50 pour la création d’un véhicule tous-terrains qui allierait l’efficacité du Land Rover en la matière, au confort des berlines Rover.
Cela ne vous rappelle rien? Le Range Rover bien sûr. Les prototypes de Road Rover en furent en quelque sorte le précurseur. Retour sur cette génèse…
En 1948, au lancement du Land Rover, celui-ci est à carrosserie ouverte et à vocation utilitaire, et ne peut prétendre à adopter un usage routier polyvalent. Avec la collaboration de Tickford, les premières tentatives de fermeture de la caisse du Land Rover aboutiront au modèle Station Wagon premier du nom, dès 1949, mais son coût de fabrication rend l’expérience frustrante pour Rover. Et l’agrément routier restant inchangé par rapport au Land Rover d’origine, Rover commence à penser sérieusement à développer un véhicule ayant le confort d’une berline mais adoptant des capacités tous-terrains. En quelque sorte, un SUV avant l’heure…
Dès le début de l’année 1952, Maurice Wilks présente un premier prototype d’un véhicule baptisé Road Rover. Basé sur un châssis raccourci de P4, le véhicule est donc une propulsion et n’adopte pas encore de transmission 4×4. Mais sa hauteur de caisse relevée ne laisse aucun doute sur ses ambitions en franchissement. Une douzaine de prototypes seront ainsi construits, jusqu’à ce que le projet soit abandonné en 1956. Le dessin de la caisse, très basique, fait instantanément penser à un Land Rover, même si la calandre, frappée du Viking, illustre le positionnement différent.
De cette première série de prototypes Road Rover, ne subsiste qu’un seul exemplaire, le dernier prototype n°12 illustrant cet article, aujourd’hui conservé au British Motor Museum de Gaydon.
Alors que le Land Rover Station Wagon, développé cette fois en interne et non plus avec la collaboration de Tickford, sortait en 1954, il fut décidé de repenser le projet Road Rover et de lui donner une apparence moins utilitaire afin de davantage le démarquer de son homologue.
La deuxième série de prototype Road Rover fut ainsi construite sur une période s’échelonnant de 1956 à 1959. Toujours basée sur un châssis modifié de P4, mais avec une carrosserie en aluminium, le moteur les équipant était également issu de la P4, en l’occurence celui de la 80. Contrairement aux Land Rover, la suspension avant est à roues indépendantes. Le dessin est beaucoup plus élaboré que sur la première série, et proche de celui d’une voiture traditionnelle, quoique surélevé, et on y trouve sans doute une inspiration venant de l’autre côté de l’Atlantique, en particulier l’American Station Wagon produit par Rambler.
Les deux derniers prototypes, n°8 et n°9, subsistent aujourd’hui dans les mains d’un propriétaire privé pour le premier, et du British Motor Museum de Gaydon pour le deuxième. Ce dernier fut utilisé personnellement par Spencer Wilks, alors en charge de Rover Company, dans sa propriété du Pays de Galles.
Néanmoins le projet fut abandonné en 1959, alors que la commercialisation était toute proche. Le fabricant de modèles réduits Corgi avait même reçu l’ensemble des spécifications de la part de Rover. Quelques-uns de ces modèles réduits furent assemblés mais jamais commercialisés.